Armalite, réverbères, visions nocturnes
Tu scrutes les toits à la recherche d’un sniper, d’une vipère, d’un guerrier
Mort dans les ombres, il te mutilera, te blessera, te tuera
pour une cause depuis longtemps oubliée, sur des rivages pas si lointains,
garçons baptisés à la guerre
Morphine, hurlement glacial, mauvais rêve
Ils servent de numéros sur des plaques d’identité,
lambeaux de tir de DCA, sacs de sable
Ta fiancée a épousé ton meilleur ami, fin des amours, plume empoisonnée
Toujours tu frissonneras dans ta chair,
en te tournant et te retournant dans ton sommeil
Les blessures qui brûlent si profondément
Ta mère est assise au bord du monde alors que les caméras
commencent à tourner
Ces plans panoramiques ressuscitent le bercail meurtrier
Ton père vide une autre bière, il est l’un des seuls qui s’en soucie
Il se traîne derrière la caisse de la Saracen
lorsqu’il quitte la sécurité de sa chaise de salon
Fils oubliés, fils oubliés, fils oubliés
Et ainsi, alors que je patrouille dans la vallée de l’ombre du Tricolore,
Je dois craindre le Malin, car je ne suis que mortel
et les mortels ne peuvent que mourir en posant des questions,
en implorant les réponses auprès des spectateurs sans nom ni visage
qui paradent le long des couloirs capitonnés de Whitehall.
Eux qui ordonnent la profanation, la mutilation,
la masturbation intellectuelle dans leurs cocons bureaucratiques bien gardés
Ministre, Ministre, prend soin de tes enfants, ne les condamne pas
à la damnation pour te débarrasser de ceux qui t’offensent
car c’est à eux qu’appartiennent le Règne, la Puissance
et la Gloire, pour les siècles des siècles. Amen !
Halte ! Qui va là ? La Mort. Approche... Amie
Tu n’es que l’un des cercueils qui descendent vers la nef d’émeraude
Où les coups d’œil assassins des enfants pleurent ta mort
avec un sourire de terroriste
La main du poseur de bombe place ses cadeaux incandescents
sur les rayons du supermarché,
Les éclats d’obus font chanter les ruelles en un enfer provisoire
Fils oubliés
De l’ANPE au régiment, une carrière éclair,
Mais souviens-toi de ces pointages du lundi,
lorsque tu fonceras de porte en porte,
aux infos, toute une nation te pleure, soldat inconnu,
fais ton bilan,
Pendant une seconde, tu seras célèbre, mais tu seras décoré à titre posthume
Fils oubliés Fils oubliés
Paix sur la Terre et douce miséricorde, la Mère Michel a perdu son gamin
Juste un autre fils oublié
Trois p’tits tours et puis s’en vont,
Trois p’tits tours et ils tombent tous
Fils oubliés, Fils oubliés
Ils sont toujours oubliés
Paix sur la Terre et douce miséricorde, la Mère Michel a perdu son gamin
Juste un autre fils oublié
Trois p’tits tours et puis s’en vont,
Trois p’tits tours et ils tombent tous
Règne Angleterre, règne Angleterre
Tes enfants tombent tous, ils tombent ils tombent
Ces fils oubliés, ces fils oubliés du désir, ces fils oubliés
Ce sont tes enfants, tes enfants…
Ils sont toujours oubliés